Alors que la Commission européenne achevait sa consultation publique sur les crypto-monnaies en mars, l’AMF, le régulateur financier français est intervenu pour exprimer sa position sur la question.

L’Autorité des marchés financiers (AMF), régulateur boursier en France, a publié une réponse officielle à la consultation de la CE, exposant certaines propositions de base concernant leur propre vision des actifs cryptographiques dans le cadre de l’approche de la CE.
Il est trop tôt pour établir une classification des actifs cryptographiques
Dans un communiqué du 7 avril, l’AMF a fait valoir que le classement des actifs cryptographiques devrait se fonder sur les catégories existantes afin de différencier les actifs cryptographiques pouvant être considérés comme des instruments financiers de ceux qui ne le sont pas.
Selon un rapport de Finance Magnates, l’AMF a également noté qu’il est encore trop tôt pour établir une classification précise des crypto-monnaies. Le régulateur définirait tout actif cryptographique comme un «actif numérique pouvant dépendre de la cryptographie et exister sur un registre distribué».
«L’AMF considère que donner une classification précise appliquée aux crypto-monnaies pourrait être prématuré à ce stade. Ce n’est qu’après un retour d’expérience solide que nous pourrons juger de la pertinence d’une classification précise (par exemple «jetons utilitaires», jetons de sécurité »,« jetons de paiement »,« stablecoins » etc.)»
Dans le même temps, le représentant a également souligné l’importance de définir les crypto-monnaies au sens large au niveau de l’UE, afin de fournir des conditions de concurrence équitables entre les entités réglementées au niveau national et celles qui ne sont soumises à aucune réglementation dans leur pays natal.”
L’AMF s’inquiète des stablecoins
Parallèlement aux remarques concernant la classification des actifs cryptographiques, le régulateur français a également proposé d’adopter des dispositions spécifiques pour les stablecoins (un type de crypto-monnaie conçu pour maintenir un prix de marché stable grâce à un rattachement à un autre actif ou panier d’actifs.)
Faisant écho à l’opposition de la France au projet de monnaie numérique Libra de Facebook, l’AMF a exprimé ses inquiétudes quant à l’impact des stablecoins sur l’économie :
«Cette proposition permettrait à un cadre réglementaire de s’appliquer à tout stablecoin quelle que soit sa taille […] Cependant, cela nécessite la possibilité de tracer une ligne entre les stablecoins qui seraient concernées par les exigences obligatoires et les autres jetons de paiement qui ne sont que partiellement couverts par les obligations d’état.”
Par ailleurs, l’AMF a exprimé son soutien à la création d’un actif de règlement interbancaire en monnaie banque centrale pour faciliter les processus de livraison contre paiement en chaîne. Dans l’avis officiel, le régulateur a également proposé de créer un laboratoire numérique au niveau européen pour tester les projets liés aux jetons de sécurité afin de surmonter les obstacles réglementaires.
La France teste sa monnaie numérique de banque centrale
La CE a lancé sa consultation publique pour l’établissement d’un cadre européen pour les marchés des crypto-monnaies le 19 décembre 2019. Ouverte jusqu’au 19 mars 2020, la consultation vise à clarifier la classification des actifs cryptographiques ainsi qu’à décrire les utilisations potentielles des cryptos et de la technologie blockchain afin de promouvoir la finance numérique en Europe.
Le 30 mars, la banque centrale de France a officiellement lancée un programme pour tester l’intégration d’une monnaie numérique de la banque centrale pour les règlements interbancaires.